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Petit traité subjectif des plantes médicinales brésiliennes, épisode 1.

Dernière mise à jour : 25 juil. 2022


Ecorce du tronc de Barbatimão blog kôor cosmétique réfléchie article

Pour ceux qui suivent un peu les aventures, vous avez compris que pendant ces vacances d'été nous sommes allés rendre visite à ma belle famille au Brésil.

Lors de mes précédents voyages par ici, alors que nous étions plutôt cantonnés dans l'énorme et irrespirable São Paulo, je n'avais jamais vraiment prêté attention à la richesse de la flore locale, et encore moins à ses coutumes et usages populaires.


Heureusement, cette fois nous avons la chance d'être hébergés en pleine nature, au milieu des collines de la Serra da Mantiqueira, dans le bel état du Minas Gerais.


À première vue, collines, pins brésiliens (araucaria angustifolia), Primaveras (que nous connaissons sous le nom de Bougainvillées- Bougainvillea glabra), beaucoup d'eucalyptus (Eucalyptus Urograndis, pour le bois) et canne à sucre (miam). Rien de bien folichon.


Ah si ! Beaucoup d'avocats et de délicieux citrus de toutes les tailles et de presque toutes les couleurs (caipirinha miam miam !), parmi de hauts arbres et buissons dont je ne saurai jamais le nom.


Pourtant, en y regardant d'un peu plus près, je m'aperçois que beaucoup de choses poussent discrètement un peu comme des mauvaises herbes: les fruits de la passion sur le pergola (Maracujá, passiflora edulis) le ricin (Ricinus communis) au bord du parc, la juá (Solanum aculeatissimum) dans les prés...


En faisant un petit tour à l'herboristerie de la petite ville la plus proche pour m'inspirer pour mon prochain savon, je suis tombée sur une flopée de plantes médicinales indigènes en vrac dont je n'avais jamais jamais jamais entendu parler et ça m'a ouvert à un nouveau monde végétal de coutumes et de légendes irrésistiblement attirantes et j'ai eu envie de me plonger dans le sujet (à défaut de plonger dans la piscine. Il fait beau mais un peu froid).


En raison du fait que le Brésil détient une faune et une flore très vaste, en plus d'une grande variété ethnique et culturelle, la population brésilienne, principalement celle qui réside dans les zones rurales, utilise couramment, depuis l'aube de l'humanité, ses connaissances empiriques sur le potentiel thérapeutique des plantes médicinales pour se soigner, se parer ou se protéger.

Et d'ailleurs, l'utilisation des plantes est parfois la seule ressource thérapeutique qu'elle possède.


Guaraná, Açaì, Urucum, Jatoba,... J'ai eu envie de partager avec vous le résultat de mes trouvailles et quelques plantes qui m'ont particulièrement attirées par leur nom, leur fonction ou les légendes qui les entourent.



 

Le barbatimão. L'arbre qui serre.



Le barbatimão (Stryphnodendron adstringens) fait partie de ces plantes médicinales précieuses pour de nombreuses communautés traditionnelles du Cerrado Brésilien, qui utilisent l'écorce des arbres pour préparer des bains, des thés, des huiles et d'autres onguents.


Tant l'écorce du tronc que des branches sont utilisés dans la médecine traditionnelle pour soigner les maladies sexuellement transmissibles, calmer les inflammations et aider la cicatrisation des plaies de la peau. Les écorces, maturées dans l'alcool ou la cachaça, composent des liquides aux usages les plus divers. L'écorce rougeâtre, quant à elle, fournit une matière colorante pour l'artisanat, en plus d'être une matière première pour l'extraction du tanin pour l'industrie chimique et le tannage du cuir.


Iba Timo, l'arbre de la virginité

Grâce à son principal composant, le tannin (que nous verrons juste après), on observe que la plante provoque une sorte de contraction momentanée de la peau. En appliquant du barbatimão sous forme d'extrait sur une muqueuse (celle du vagin ou de la bouche), celle-ci se contracte immédiatement

C'est ce qui a donné au Barbatimão sa renommée en tant que tronc de la virginité.


Cette idée est devenue populaire et il arrive même parfois que les femmes l'utilisent pour « retrouver leur virginité ». On dit d'ailleurs des prostituées qu'elles prennent régulièrement des bains de sièges avec des décoctions de barbatimão pour resserrer les parois de leur vagin et les femmes l'utilisaient en onguent après l'accouchement pour cicatriser plus rapidement.


Néanmoins les effets recherchés ne sont que de courtes durées et l'abus de barbatimão (comme toute bonne chose) sous sa forme pure est dangereux pour la santé.


La richesse de l'écorce



Le Barbatimão a comme principal ingrédient actif un composé chimique appelé tanin (entre 20 et 50%), bien connu dans le monde du vin, et c'est lui qui donne à l'arbre barbatimão toutes ses propriétés.


Extrêmement riche, l'extrait d'écorce de barbatimão contient 80 fois plus de tanin que le raisin et c'est principalement cette substance phénolique hydrosoluble qui est responsable de la plupart de ses activités pharmacologiques.


En combinaison avec les alcaloïdes, les saponines, les flavonoïdes et les résines qu'elle contient, l'écorce du barbatimão a une action antiseptique, anti-inflammatoire, hémostatique, anti-oedématogène, antioxydante, antidiabétique, astringente, antihypertenseuse, analgésique, cicatrisante et antimicrobienne.


Ce qui a été prouvé


Il existe de nombreuses études scientifiques qui démontrent le potentiel anti-inflammatoire et cicatrisant des extraits d'écorce de barbatimão.


Les publications scientifiques qui montrent des résultats sûrs et convaincants sont liées aux propriétés

biologiques de la plante pour le traitement et la cicatrisation des plaies, en raison de ses propriétés astringentes et cicatrisantes.


D'ailleurs, en 2009, la première pommade au barbatimão (Fitoscar) enregistrée auprès du ministère de la Santé a été commercialisée, grâce aux recherches menées par des universités brésiliennes.


L'espèce a été inscrite sur la liste Renisus (Liste nationale des plantes médicinales d'intérêt pour le système de santé unifié au Brésil) et également recommandée dans la forme phytothérapique de la pharmacopée brésilienne comme agent cicatrisant sous forme de crème.


Le Barbatimão dans les religions afro-brésiliennes



L'Orixá Oxumaré, serpent arc-en-ciel



Dans les religions afro-brésiliennes syncrétistes, si les maux et maladies sont causées par les Orixás, se sont eux aussi qui apportent les solutions et les remèdes.


Dans l'Umbanda, 10 herbes-mères ont été choisies pour soigner la plupart des maladies: le barbatimão, le sassafras, le calunga, l'anjico, le cèdre, l'eucalyptus, l'imburana, le sapin baumier, la sucupira et le jacaranda.


Il pourrait y avoir beaucoup d'autres plantes utiles pour le traitement de certaines maladies, cependant, dans la mesure du possible, c'est à chaque fois l'une des dix plantes-mères qui sera utilisée (ou celle qui lui ressemble le plus).


Chaque Orixá du Panthéon du Candomblé ou de l'Umbanda est associé à une plante.


Utilisé en bains ou en fumigation, le barbatimão est associé à Xangô, l'Orixá de la Justice et de la raison et à Oxumaré, l'Orixá de tous les mouvements et cycles qui coordonne le dynamisme des mouvements de la Terre.


Le Barbatimão utilisé dans le rituel de Xangô ou d'Oxumaré aide à diluer les mauvaises énergies, en renouvelant et en équilibrant le champ énergétique.


Et nous, on l'utilise comment ?


Grâce à son action antimicrobienne, astringente et cicatrisante, le barbatimão est idéal pour traiter les problèmes de peau et zones intimes sous forme de savons, crèmes, pommades, teintures et extraits.


Ici au brésil, on le retrouve beaucoup dans le savon pour le corps et pour le visage. Associé à l'huile essentielle de tea tree, les femmes l'utilisent pour la toilette intime.


Mais sa forme la plus pratique, facile à réaliser et à appliquer est l'onguent à base de barbatimão. Simplement mélangé à l'huile de coco il accélère la cicatrisation des petites plaies et son action anti-inflammatoire aide à diminuer les gonflements et les œdèmes de la peau.


 

Vous avez aimé cet article ? Rendez-vous la semaine prochaine pour decouvrir les secrets et merveilles d'une autre plante de l'écosystème brésilien.


Um beijo!


Pauline

Plus grand que l'Angleterre, la France, l'Allemagne, l'Italie et l'Espagne réunies, le Cerrado est une région de savane que l'on rencontre en Amérique du Sud, principalement au Brésil.


Religion dont la doctrine ou les pratiques sont un mélange d'éléments pris dans différentes croyances.

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